L’un des premiers points à respecter est le peau à peau dès la salle de naissance. Le nouveau-né est tout juste séché et couvert d’un lange chaud pour ne pas perdre trop d’énergie à se réchauffer. Sur la peau de sa mère, il va bénéficier de sa chaleur et sentir son odeur. Une première période va permettre la rencontre entre le nouveau-né et ses parents, puis, le colostrum ayant la même odeur que le liquide amniotique, le bébé va la reconnaître et être attiré vers la source de cette odeur : le sein. Il va se diriger seul petit à petit vers le sein (cela peut prendre 1 à 2 heures). Il n’est pas nécessaire de l’aider, deux mécanismes naturels sont là pour le guider :
Les hormones libérées par la mère pendant l’accouchement permettent au bébé d’être très actif les premières heures.
Le réflexe archaïque de fouissement, qui permet au nouveau-né de savoir instinctivement se diriger vers le sein et le téter. Ce réflexe disparaît dans les 6 heures suivant la naissance.
On comprend alors l’importance de proposer précocement une tétée au nouveau-né, afin de lui donner toutes les chances de réussite.
Les jours suivant, à la maternité et même au retour à domicile, continuer le peau à peau permet d’apprendre à se connaitre, et permet aussi au bébé de développer ses capacités à se diriger vers le sein et à l’attraper. De plus, le plaisir ainsi procuré à la maman va libérer de l’ocytocine, l’hormone du plaisir, qui va jouer son rôle de stimulation de la lactation.
Pratiquer le peau à peau même en dehors des « heures de tétées » permettra aussi à la maman d’apprendre à repérer les signes d’éveil et de faim de son bébé.
Un autre point important à respecter les premiers jours et de laisser le bébé téter dès qu’il le demande. En effet, il passe d’un environnement où il était nourri en continu par le cordon ombilical à une alimentation « fractionnée ». Son organisme et son système digestif doivent s’habituer à ce nouveau mode d’alimentation. Le laisser téter à la demande lui permet d’acquérir la notion de satiété et d’apprendre à gérer le besoin, le manque.
Le colostrum est ultra-assimilable, il est digéré en 20 minutes (le lait « mature », c’est-à-dire après la montée de lait, se digère quant à lui en environ 60 à 90 minutes), et la capacité de l’estomac du nouveau-né est d’environ 5 à 10 ml à la naissance (pour atteindre environ 40ml à J4). Ceci explique pourquoi un nouveau-né a besoin de tétées rapprochées les premiers jours et qu’il faut le laisser faire.
Cela étant dit, je vous laisse vous faire votre propre opinion sur les bébés à qui on propose un biberon de 60 ml dès la naissance…
D’autre part, on l’a vu dans la physiologie de la lactation, chaque tétée stimule la sécrétion de prolactine, hormone permettant la production de lait.
Après quelques heures bien éveillé juste après la naissance, le bébé va entrer dans une phase au cours de laquelle il va avoir besoin de récupérer. Les 24 premières heures, bébé est donc souvent un peu endormi, et les mises au sein vont être un peu difficiles. Cette période sera facilitée si le bébé a déjà tété efficacement à la naissance. S’il est trop endormi pour téter, une méthode simple : maman fait sortir elle-même le lait avec sa main (on dit « exprimer », et ne vous inquiétez pas, je vous prépare un article sur cette technique) et fait couler les gouttes directement dans la bouche du bébé. Même endormi, ce dernier est capable de déglutir. Il a un apport calorique sans avoir à dépenser d’énergie, et va ainsi reprendre des forces. Quelques gouttes suffisent, mais de façon rapprochée.
Entre 24 et 36h de vie, il se réveille, est plus apte à téter, vous découvrez ensemble la technique et vous guidez mutuellement. Bien sûr, le personnel de la maternité est là pour vous accompagner.
A partir de 36h de vie, les hormones chutent chez la mère (provoquant le baby-blues), et dans une moindre mesure chez le bébé. Ce dernier peut présenter une alternance de pleurs et d’irritabilité qui n’ont rien à voir avec une mauvaise prise alimentaire au sein. En avoir conscience permet de mieux y faire face. D’autant plus que c’est aussi aux alentours de la 3e nuit qu’a lieu la montée de lait. La production de lait augmente d’un seul coup et la composition du lait change. Les seins peuvent être tendus et douloureux, ce qui peut rendre les tétées difficiles et potentiellement douloureuses pour la mère. N’hésitez pas à demander de l’aide au personnel de la maternité pour vous accompagner lors de cette phase « d’accumulation ».
Parallèlement, on a déjà vu que la prolactine avait une activité accrue la nuit. Malgré la fatigue, il ne faut donc pas négliger les tétées de nuit afin de favoriser un bon démarrage de l’allaitement. A la maternité, préférez donc garder votre bébé avec vous la nuit et vous reposer la journée (pourquoi pas en limitant les visites…). En effet, certaines maternités proposent de garder votre bébé en nurserie la nuit pour vous permettre de dormir. Or, je n’ai pas d’enfant, mais d’après mes sources, dormir en sachant son nouveau-né « loin » n’est pas franchement possible. Vous allez donc ruminer toute la nuit tout en perdant l’avantage des tétées de nuit pour lancer votre allaitement…
Une petite parenthèse « pratique » : dès la montée de lait, n’oubliez pas de porter un soutien-gorge bien adapté (sans armature métallique qui bloque les canaux) afin de maintenir les seins, éviter le relâchement des fibres de soutien et le mal de dos.
Cindy Consigny
Infirmière puéricultrice